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End of Time
19 mars 2015

Plus de morts que de vivants : leçon de cruauté

guéraud

Guillaume Guéraud, écrivain grand fan de cinéma et attiré par la culture gore et horrifique, livre avec Plus de morts que de vivants un roman captivant qui se dévore aussi vite que l'étrange virus extermine les élèves du collège Rosa Parks de Marseille. Juste avant les vacances de février, ces adolescents, d'abord un par un puis par centaines pour former un immonde charnier au coeur de la cour, sont victimes d'une mystérieuse maladie. Un saignement de nez, une démangeaison, une perte d'équilibre deviennent les premiers symptomes d'un mal inconnu qui se répand comme une traînée sanglante dans l'établissement. Nul n'est épargné, ni les professeurs, ni le personnel de secours et de santé qui tentent d'endiguer l'épidémie foudroyante. Très vite, le collège, plan Orsec oblige, est placé en quarantaine, les parents paniqués restant à la grille. L'ambiance est digne d'une pochette de Cannipal Corpse, de Mortician ou de tout autre groupe de death bien gras ; leur musique est la bande-son idéale de ce livre hors-norme.

En phrases courtes et tranchantes, avec des mots crus et un sens aiguisé de la concision, l'auteur décrit les agonies monstrueuses de ses personnages. Guillaume Guéraud semble s'amuser à jouer la carte de l'éxagération, comme pour désamorcer l'horreur des situatuions. 

Expert es adolescents, il restitue avec justesse la vie du collège en pleine crise. Un dialogue, une situation permettent de cerner la personnalité des protagonistes, de comprendre les rapports de force, les jeux de séduction, de domination qui régissent l'univers des collégiens, accrochés à leur téléphone portable comme à une illusoire bouée de secours. Le récit est entrecoupé de la retranscription de flashs radio - révélateurs de la vacuitié des flots d'infos en continu - de coups de fil entre le principal et le recteur ou entre les médecins sur place et les chefs de service, autant de parenthèses qui montrent l'incédulité et l'impuissance de tous, tout en offrant une ouverture, une sortie du huis-clos.

Cette hécatombe, où le hasard biologique choisit les victimes sans raison, nous renvoie à notre condition de brin de paille emporté par des forces que nous ne maîtrisons pas. Utiliser des adolescents, la vie censément devant eux, pour illustrer la fragile absurdité de la condition humaine est l'ultime cruauté de Guillaume Guéraud, adressé cette fois non pas à ses personnages mais à ses lecteurs.

"Plus de morts que de vivants dans la cour. Et presque tous les vivants connaissaient presque tous les morts. Certains connaissaient même désormais plus de morts que de vivants."

Du même auteur, du même genre :

Déroute

Déroute sauvage où un groupe d'adolescents en partance pour l'Espagne vit un cauchemar digne de Massacre à la tronçonnneuse dans les Pyrénées.

Du même auteur :

Je ne mourrai pas gibier où un adolescent, dans un village divisé entre vignerons et bûcherons, bascule dans une folie meurtrière.

Le contour de toutes les peurs, où un adolescent, de retour chez lui, tombe sur un intrus, désireux de se venger de sa mère, avocate. Violent.

 

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