Loudfest !
Loudblast, pour marquer son trentième anniversaire, a signé la fête parfaite. Avec une affiche aussi violente que le direct d'un boxeur sous amphétamines, Stephane Buriez and co ont offert une nuit magique qui a laissé KO un Aeronef rempli à ras bord - même si la mezzanine est restée fermée.
Les hostilités débutent avec Crusher. La bande à Crass - qui a longtemps vécu à Lille où, dit-il, il a connu "sa plus belle histoire d'amour" - attaque devant une fosse guère remplie mais qui, comme par magie, devient bondée en moins de 10 minutes. Et c'est parti pour les premiers bravehearts ! De retour après un long sommeil avec un split Blast from the Past, partagé avec Mercyless, le gang assène sans concession son deathcore ultra-efficace. Crass, dans son style caractéristique de gorille à la démarche chaloupée, agitant les bras, harangue la foule, porté par une rythmique carrée et parfois groovy. Mention spéciale pour le très, très vieux No progress without regression, 20 ans d'âge, tiré de la cultissime compilation Brutale Génération.
Arrivent ensuite sur scène les Black Bomb A. Et là, petit problème ; n'ayant jamais été sensilbe à la musique du groupe des Yvelines, je n'arrive pas à entrer dans le show. L'énergie et l'intensité sont là, les vocaux partagés - stridents et graves - enrichissent les compos, les musiciens vont au contact des fans mais, rien à faire, je reste froid... ce qui n'est pas le cas d'une grande partie des fans qui mettent le feu à l'Aéro.
Benighted se montre impitoyable, assène son brutal death sans la moindre concession pour envoyer une décharge d'adrénaline pure. Comme possédé Julien, le chanteur, tire sans cesse la langue quand ses acolytes, au taquet, brûlent une énergie colossale. Le groupe allie maturité et folie pour concocter un cocktail intense qui explose sur le démentiel Let the blood spill between my broken teeth. Autre grand moment, l'arrivée de Sven, d'Aborted, pour apporter sa touche personnelle sur un Slut possédé. Un grand moment !
Avec Anaal Nathrakh, la violence demeure certes omniprésente mais se fait parfois moins directe, plus insidieuse. Le "souffle du serpent" glisse sa haine et son nihilisme dans des titres où se mêlent noirceur black metal et furie grindcore. Ce mélange diabolique est d'une efficacité redoutable, entre messe noire et carnage total, comme sur l'aiguisé Bellum Omnium contra Omnes. Une expérience à vivre...
Enfin arrive l'heure des héros de la soirée ! Loudblast prend la scène d'assaut comme un gladiateur entre dans l'arêne, mais dans une arêne entièrement acquise à sa cause. L'Aéronef, déjà bien chaud, devient bouillant, suintant. En une bonne heure, les Lillois ne font aucun quartier, se montrent impitoyables. Ils attaquent pied au plancher et Stéphane Buriez impose son charisme. La foule, comme en transe, répond instantanément à la moindre demande de son gourou d'un soir et multiplie les circles et pogos endiablés.
Les classiques No Tears to share et Subject to Spirit brillent d'un éclat particulier avant qu'Alex, d'Agressor, ne prenne la guitare sur un Black Death d'anthologie. Hervé céde ensuite sa place au batteur de la récente tournée avec Death DTA.Le show, ponctué des légendaires "foutez-moi un putain de bordel !" et traversé par un "happy birthday" jailli de la salle, est l'occasion de nombreuses célébrations. Des cadeaux sont jetés aux fans et, quand le concert touche à sa fin, la scène est envahie par les protagonistes de la soirée, qui offrent gâteau et bouquet à Steph, avant de verser de larges rasades de whiskey aux musiciens. Dans un chaos bon enfant s'achève ce show historique.
Difficile après cette enéergie et cette communion d'enchaîner. C'est pourtant ce que réussit Samael devant une audience certes fatiguée mais attentive et encore prête à s'enflammer. Les Suisses imposent leur puissance hypnotique pour conclure en beauté une soirée mémorable.
Immense merci à TasToux pour ses magnifiques photos !