Sanglant et cinglant !

Après l’intense prestation pleine de morve des autochtones de Baasta ! et l’énergie déployée par les jeunes Nordistes énervés d’Obsolete Radio – rythmes dansants et guitares nerveuses – les nouvelles coqueluches des scènes punk/grunge/metal (prenez un mixeur, appuyez sur « on » et c’est parti!), Pogo Car Crash Control, donnent le ton… et c’est bon ! Rancunier, balancé d’entrée, est la parfaite synthèse du style PCCC, de ce chaos pensé pour faire mal, pour toucher les neurones comme le cœur. « Nous sommes à mi-chemin des BB Brunes et de Slayer », affirmait, goguenard, Olivier, chanteur guitariste, en interview. Vu son style et son chant, vu la musique balancée par ses acolytes, le groupe lorgne clairement plus vers les thrashers que vers les euh, les, euh, les autres, quoi !

Le groupe dégage une rage qui se mêle à un évident plaisir de brûler les planches. Lola, à la basse, bondit sans cesse quand Olivier, pied sur les retours, hurle comme si sa vie en dépendait (« Déprime hostile »). Le frontman voit sa guitare rendre l’âme – à qui elle appartient ? – sent sa colère monter et finit par devenir simple chanteur, laissant son compère Simon se débrouiller comme il peut avec toutes les parties de six-cordes. Si le concert perd en rigueur, il gagne en folie, en tension, en vie. C’est sanglant et cinglant  (Hypothèse mort) ça luit des feux de l’adolescence exaltée. C’est acéré, chaque note est comme une lame, parfois une larme, toujours une alarme. Olivier et Simon n’hésitent pas à aller jouer dans la fosse, pour saler toujours plus un plat déjà fort épicé. Le set s’achève sur une reprise non identifiée – honte à moi ! - en anglais, conclusion déjantée d’un tourbillon qui a emporté le Pharos loin, très loin : dans notre propre passé, à cette époque déjà lointaine où nous aussi on rêvait de tout casser, où l’on ne savait pas encore que, très vite, nous remiserions nos aspirations au fond du placard fermé à double tour d’une existence toute tracée. Merci à PCCC d’ouvrir pour les vieux cons les fenêtres de le jeunesse, de laisser enter l’air pur des furies oubliés...